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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

pables de s’emparer d’eux. Les causes qui déterminent le développement de la couleur ont pu chez eux agir sans obstacle, et nous en voyons le résultat : une grande variété d’insectes magnifiques de nuances.

Ainsi, malgré l’imperfection de nos connaissances sur la vie des animaux, nous pouvons voir qu’il y a une grande variété dans leur mode de protection et leur manière de surprendre leur proie. Quelques-uns de ces moyens sont assez efficaces pour assurer la conservation d’une race aussi nombreuse que possible : on conçoit sans peine que dans ce cas une protection dérivée de la modification de la couleur soit superflue, et que celle-ci puisse sans inconvénient atteindre les nuances les plus vives. Nous parlerons tout à l’heure de quelques-unes des lois qui déterminent le développement de la couleur ; pour le moment, il nous suffit de montrer que les couleurs sombres ou imitatives ne sont que l’un des nombreux moyens qui permettent aux animaux de conserver leur existence : nous pourrons alors étudier les phénomènes désignés sous le terme de mimique. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que ce terme n’est pas usité ici dans le sens d’imitation volontaire, mais implique une espèce particulière de ressemblance ; ressemblance dans l’apparence seulement, et non dans la structure interne, ressemblance dont le but unique est d’induire les yeux en erreur. Comme elle a le même résultat qu’une imitation volontaire, et que nous n’avons pas de mot qui exprime l’idée exactement, le terme de mimique a été adopté par M. Bates, qui le premier a expliqué ces faits. Cette