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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

abeilles, les coléoptères avec les guêpes, les sauterelles avec les coléoptères, avait été plus d’une fois signalée par d’éminents écrivains ; mais on ne parait pas, jusqu’à ces dernières années, avoir pensé que ces phénomènes eussent un but spécial, ou pussent être utiles aux insectes eux-mêmes. On les considérait comme des exemples de ces analogies curieuses mais inexplicables qu’on rencontre dans la nature. Ces exemples ont été fort multipliés récemment, la nature de ces analogies a été soigneusement étudiée, et on a trouvé qu’elles sont souvent portées à un point de minutie tel, qu’il semble impliquer l’intention de tromper l’observateur. De plus on a démontré que ces phénomènes sont soumis à des lois définies, dont on peut constater la relation avec la loi générale de la survivance des plus aptes, ou de la conservation des races favorisées dans la lutte pour l’existence. Nous poserons d’abord la teneur de ces lois, ou conclusions générales, et nous donnerons ensuite un résumé des faits sur lesquels elles s’appuient.

1re Loi. — Dans une majorité accablante des cas de mimique, les animaux ou les groupes qui se ressemblent habitent la même contrée, le même district, et dans beaucoup d’exemples, le même lieu.

2e Loi. — Les ressemblances n’existent pas entre différents animaux sans distinction, elles sont limitées à certains groupes qui sont, dans tous les cas, abondants en espèces et en individus, et sont souvent pourvus d’un moyen de défense spécial bien constaté.

3e Loi. — Les espèces qui imitent ces groupes pré-