Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/106

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Le revenu du numéraire consiste dans la commodité qu’il y a à s’en servir comme d’instrument d’échange ; le revenu propre de la terre, le revenu d’une maison, le revenu d’un grand talent de chanteur, tous les revenus, quels qu’ils soient, peuvent se comparejt à celui-là.

À défaut de reconnaître au numéraire des propriétés de capital particulières, on pourrait tomber dans l’erreur opposée qui serait d’en méconnaître le revenu : cela ne serait pas plus raisonnable.

J’ai cent mille francs à moi en numéraire ; je les échange contre un fonds de terre qui me fournit un revenu : c’est l’énergie de sa fécondité naturelle. Mon vendeur échange à son tour les cent mille francs contre une maison dont le revenu consiste en l’abri journalier qu’elle procure. Ainsi de suite. Au bout d’un certain temps, considérez le travail des différents capitaux qui sont entrés en échange. Tous ont fourni leur revenu, et le numéraire a donné le sien, c’est-à-dire l’avantage qu’ont trouvé tous les vendeurs et acheteurs à s’en servir comme d’instrument d’échange. Il ne faudrait pas méconnaître cet avantage parce qu’il n’a rien de matériel, ni généralement le revenu du numéraire parce qu’il naît précisément du passage de ce numéraire d’une main dans une autre, ou, pour employer le mot propre, de la circulation.

De tout cela, il résulte qu’il ne faut pas plus chasser le numéraire du nombre des capitaux qu’il ne faut lui attribuer parmi eux une place prépondérante. Il