Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/109

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ne s’étonne point des pauvretés qu’on va lui voir accumuler. Qu’on s’en souvienne : M. Proudhon ignore la théorie de la valeur d’échange, la théorie lu capital et du revenu, toute l’économie politique ; c’est par des considérations de morale qu’il entend réglementer l’échange sous toutes ses formes. Encore es principes de morale sont-ils bien loin d’être satisfaisants ! Qu’on se figure un professeur en train d’analyser des courbes, ou d’expliquer la fécondation des plantes, ou de traiter de la phthisie pulmonaire au point de vue de la justice ; qu’on se représente un mathématicien, un naturaliste, un médecin obligés l’argumenter contre de pareilles élucubrations ; et l’on aura quelque idée de la situation de M. Proudhon, et de la mienne vis-à-vis de lui.

M. Proudhon commence par entreprendre l’Église sur la question du prêt.

S’il est une question sur laquelle l’Église, communiste par son dogme, patricienne par sa hiérarchie, tirée en sens contraires, par le double esprit de sa constitution, a varié, divagué, et prévariqué, c’est sans contredit celle-là.

Cela est vrai. Mais si l’Église a divagué sur la question du prêt, ce n’est pas précisément qu’elle fût communiste par son dogme, patricienne par sa hiérarchie, c’est plutôt qu’elle ignorait la théorie de la richesse sociale. C’est un malheur pour lequel M. Proudhon devrait être plein d’indulgence : il le partage avec l’Église.

C’est un fait que toute l’antiquité, païenne et juive, s’est accordée à réprouver le prêt à intérêt, bien que ce prêt ne fût qu’une forme de la rente universellement admise ; bien