Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/173

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Vous auriez à renoncer complètement à votre théorie fantasmagorique de l’origine et du fondement de la propriété pour en chercher une meilleure. Deuxième point.

En troisième lieu, étant admis alors d’une part que la terre a par elle-même quelque valeur, et d’autre part que l’homme, en se l’appropriant, doit immédiatement répondre de cet acte devant l’inquisition du droit, pour établir que la propriété foncière individuelle mérite d’être flétrie du nom odieux de vol ou d’usurpation, il faudrait faire voir que l’appropriation de la terre par l’homme est anti-naturelle, par conséquent, la possession illégitime. Ou bien, l’appropriation étant reconnue naturelle, il faudrait mettre en évidence que néanmoins la possession qui s’y fonde va contre les droits de l’égalité économique et contre les principes de la justice commutative ; partant qu’elle est encore illégitime. Pour ce faire, il y aurait lieu, je pense, à vous de prendre quelque teinture de droit naturel, et de perfectionner considérablement vos idées touchant le droit social, d’abandonner par exemple votre système d’égalité absolue des positions et des fortunes, d’égalité absolue devant ce qu’il vous plaît de nommer les servitudes de la nature. Troisième point.

Enfin, toute cette besogne accomplie, — et vous ne l’avez point seulement entreprise, — et tous ces problèmes élucidés, — et ils sont loin de l’être encore, — je ne vous en dénierais pas moins le droit de mettre dans votre langage la même violence en qualifiant de voleur le propriétaire foncier. Car pour être voleur