Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/189

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dépenses accomplies successivement dans l’intérêt de sa production. »

« Tel est aussi le point de vue sous lequel la rente a été envisagée par un homme dont la science ne saurait trop déplorer la perte prématurée. M. Bastiat, dit encore un peu plus loin M. Passy, redoutant les conséquences de toute doctrine qui semblerait autoriser à admettre qu’il pût exister des richesses qui ne fussent pas exclusivement le produit de services ou d’efforts humains, est parti de la même idée que M. Carey. Suivant lui, la rente n’est et ne peut être autre chose que l’intérêt des capitaux absorbés par les frais de défrichement et d’appropriation du sol aux exigences de la culture[1]. »

MM. Carey et Bastiat s’entendent donc, entre eux, parfaitement. Au dire de ces économistes, dans le revenu total du travail agricole, il ne saurait y avoir aucune part représentant le loyer de l’instrument terre, comme dit M. Garnier, le prix de la vente du revenu du sol qui est sa fertilité naturelle. En faisant à M. Thiers l’honneur de le prendre pour un économiste, et en mettant dans sa doctrine sur la propriété la logique qu’il s’est toujours efforcé de n’y pas mettre lui-même, on pourrait l’adjoindre à MM. Carey et Bastiat. Nous allons voir tout à l’heure que M. Proudhon ne fait point autre chose que de suivre aussi, très-maladroitement, la thèse de ces Messieurs. Les physiocrates, au contraire, J.-B. Say, ainsi que Smith et Eicardo par une heureuse inconsé-

  1. H. Passy, Dictionnaire de l’Économie politique, T. II, p. 510.