Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/195

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Tous les savants trébuchent, dit M. Proudhon. Moi seul je marche droit. Voyez comme je m’y prends. Il fait un pas et se laisse choir de son long.

Point de richesse sans travail. Tout au contraire : beaucoup de richesse sans travail. Beaucoup de richesse primitive d’abord : l’air atmosphérique, la lumière et la chaleur solaires, l’eau des fleuves, toutes les forces de la nature, la terre, nos facultés, etc., etc. Beaucoup de richesse sociale ensuite, à savoir celles des richesses primitives qui sont : 1o valables et échangeables ; 2o appropriables, parce qu’étant utiles elles sont aussi limitées en quantité : la terre, les facultés personnelles des hommes.

Ne fût-ce que celui de la simple appréhension. Réserve de sophiste. La simple appréhension n’est pas un travail : cela n’est pas même à discuter.

Tout le monde est d’accord de ce premier principe. Illusion malheureuse d’une candeur qu’on pourrait taxer d’ignorance. On peut dire sans trop d’exagération qu’en économie politique aujourd’hui tout le monde est d’accord du principe contraire. Pourtant n’exagérons rien. Donc, en tout cas, ce ne sont guère que les disciples d’Adam Smith et de Ricardo qui s’accordent tant bien que mal à voir dans le travail la source, dans le prix de revient la mesure de toute richesse. Mais l’étude de l’économie politique aurait appris à M. Proudhon qu’il n’y a pas qu’Adam Smith et Ricardo qui aient tenté de rechercher l’origine de la valeur. Les physiocrates l’avaient cru trouver auparavant dans la terre. Mac Culloch et J.-B. Say la