Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/203

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avec MM. Carey, Bastiat, le service du capital artificiel, quoi qu’en puisse dire M. Proudhon qui de cette rémunération ne semble point s’occuper.

IV. Enfin, j’accorde à M. Proudhon que salaire et profit payés, une part d’excédant restant encore, nous donnerons à cette part le nom de rente. Ce que j’affirme, en outre, avec MM. Passy, Garnier, Walras, c’est que cette rente paye le concours du sol dans l’œuvre de la production agricole,

Cet excédant se présente toujours.—« Affirmer que cet excédant ne se réaliserait pas sans la peine prise pour l’obtenir, c’est dire peu ; car cela n’est pas contesté. Ce qu’il faudrait prouver, c’est que, sans le concours prêté par la terre, il serait possible de le recueillir, et qu’il y a des industries non rurales ou extractives qui ont aussi le privilège de produire la rente. Or, cette preuve manque et certes ne sera jamais donnée…

« Vainement chercherait-on à se faire illusion. La terre seule rend plus de produit qu’il n’en faut pour payer les salaires, l’intérêt et le profit des capitaux dont elle requiert l’emploi, et comme il n’est aucune autre sorte d’application du travail qui obtienne pareil excédant, il faut bien reconnaître, dans l’existence de la rente, le résultat d’une action coopérative exercée par la terre elle-même[1]. »

Telle est la démonstration à posteriori que nous avions annoncée de la valeur de la terre comme capital, de la valeur de son revenu ; de l’existence de

  1. H. Passy, Dictionnaire de l’Économie politique. T. II, p. 513.