Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/207

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encore du profit des capitaux, salaire et profit se déterminant aussi naturellement que la rente foncière sur le marché, et la distinction précise se faisant d’elle-même entre les trois revenus des trois capitaux : terre, capital artificiel, facultés personnelles.

M. Proudhon qui ne croit ni à la valeur de la terre, ni même à la valeur du capital artificiel, qui, de tout point, ignore la distinction entre les trois capitaux, la distinction entre le capital et le revenu, qui repousse la loi du marché, est, on le conçoit, fort embarrassé pour définir et pour déterminer sa rente, pour définir et déterminer son salaire, pour séparer distinctement et avec précision sa rente de son salaire. À qui la faute ?

M. Proudhon croit pouvoir définir sa rente sans pouvoir la déterminer ; il se trompe : il ne la définit pas plus qu’il ne la détermine. Il se figure avoir une idée nette de la rente ; il s’abuse : il n’en a qu’une idée vague. Elle est pour lui l’excédant du produit agricole sur les frais du travail. Or, qu’est-ce que les frais du travail ? Où s’arrête le salaire normal ? Où commence le bénéfice ?

Pour tenter de déterminer sa rente ainsi définie, M. Proudhon a recours au coût moyen. Mais, qu’est-ce que le coût moyen ? Qu’est-ce qu’un travailleur moyen ? A combien se montent les dépenses d’un travailleur moyen ? Qui sera chargé de taxer les frais moyens du travail agricole ?

La rente est aussi indéterminable qu’indéfinissable pour M. Proudhon. En partant de l’hypothèse d’une