Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/228

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sente le concours du sol, et que le salaire représente le concours de l’homme dans l’œuvre de la production agricole.

C’est ce que je ferai toucher du doigt. Quelle condescendance ! En vérité, nous ne savions comment ni par quelle raison distinguer la rente du salaire ; qu’allions-nous devenir si M, Proudhon ne se fût offert à nous mettre le doigt sur cette raison ? Hélas ! notre raison qui est excellente est aussi la seule bonne. Et M. Proudhon qui, pour cent motifs, ne peut pas faire la part du concours de la terre dans le travail agricole, ne distinguera rien du tout, ne fera rien toucher du doigt.

La terre, pour M. Proudhon, n’a pas de valeur ; son revenu n’en a pas davantage. La rente sort du travail ; elle est indéfinissable et indéterminable ; elle ne se distingue pas du salaire. Très-bien ! alors, elle se confond avec lui, et elle appartient au travailleur : toute distinction entre la rente et le salaire est impossible, inutile, funeste. Les profits des capitaux sont également le fruit du travail et le salaire du travailleur.

Que veut distinguer, à présent, M. Proudhon ? La rente et le salaire ? Je ne le souffrirai point. J’interdis, à présent, à M. Proudhon de revenir sur la confusion qu’il a faite : s’il s’est jusqu’ici fourvoyé dans l’erreur, qu’il y reste.

Selon M. Proudhon, la classe travailleuse est aujourd’hui lésée de tout l’excédant du produit total agricole sur le salaire ; la classe travailleuse est en