Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/239

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leur, ni la nature, ni la société ne sauraient avoir aucun droit sur elle.

La part de rente revenant au travailleur lui sera donc payée avec le salaire, duquel, dans la pratique, elle ne se distingue pas ;

Dans la pratique, comme dans la théorie, la rente se distingué très-bien du salaire ; et le fermier ne fait pas la moindre confusion entre le fermage qu’il paye à son propriétaire et le salaire qu’il paye à ses manouvriers ou qu’il touche pour son compte. Le salaire rémunère le travail ; le fermage rémunère le concours de la terre. C’est la situation du marché qui fixe le chiffre de l’un et de l’autre ; et la loi du marché n’a jamais attribué et n’attribuera jamais une part de la rente au travailleur, non plus qu’une part du salaire au propriétaire foncier.

La part revenant à la nature est payée au propriétaire foncier, qui est censé le créateur et l’ayant-droit du sol.

Ah ! par exemple, ceci est différent ! La nature est représentée par le propriétaire foncier ! La nature a donné sa procuration au propriétaire foncier ! Le propriétaire foncier est censé le créateur et l’ayant droit du sol ! Cette idée est trop ingénieuse ; et M. Proudhon qui n’aime pas les mystères eût bien dû nous faire grâce de celui-là. Malheureusement, M. Proudhon ne connaît ni capital ni revenu. Il ne sait donc pas qu’en principe le prix d’un revenu est dû par le locataire au propriétaire du capital. La rente est le prix du loyer du sol ; et elle est due par le fermier, locataire du sol, au propriétaire foncier qui perçoit la