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Passagers. Les Prisonniers nous apprirent encore qu’ils étoient partis de Callao, en compagnie de deux autres Vaisseaux, dont ils avoient été séparés peu de jours auparavant ; et que d’abord ils nous avoient pris pour un de ces deux Vaisseaux : sur la description que nous leur fimes du Navire, auquel nous avions donne la chasse, ils nous assurèrent que с’étoit un des deux qui avoient navigué de conserve avec eux ; mais que ce Vaisseau, en s’approchant assez près de l’Ile de Juan Fernandez, pour pouvoir en être vu, avoit péché contre les instrucions des intéressés qui avoient défendu la chose expressément, dans l’idée que si quelque Escadre de Vaisseaux Anglois se trouvoit dans ces Mers, cette Ile seroit probablement leur lieu de rendez-vous.

La prise du Vaisseau de Callao nous procura aussi d’importantes lumières, tant par les conversations que nous eumes avec nos Prisonniers, que par les Lettres et autres papiers que nous trouvames à bord. Jusqu’alors nous n’avions pas su au juste la force et la destination de l’Escadre, qui croisoit à la hauteur de Madère, lorsque nous touchames à cette Ile et qui chassa après cela sur la Perle dans notre trajet de Ste. Catherine au Port de St. Julien. Nous sumes donc, que c’étoit une Escadre composée de cinq grands Vaisseaux Espagnols, commandée par l’Amiral Pizarro, et proprement destinée à traverser nos desseins, comme nous l’avons rapporté plus au long dans le troisième Chapitre du I. Livre. Ce ne fut pas une médiocre satisfaction pour nous d’apprendre en même tems, que Pizarro, malgré tous ses efforts pour doubler le Cap Horn, avoit été obligé de regagner la rivière de la Plata, avec perte de deux de ses plus gros Vaisseaux. C’étoit là une grande nouvelle dans l’état de foiblesse où nous nous trouvions. Nous apprimes de plus, que le Viceroi du Pérou, dans la supposition que nous devions arriver sur la Côte vers le mois de Mai précédent, avoit mis un embargo sur tous les Vaisseaux dans les Mers du Sud. Mais sur les nouvelles qu’on eut par terre de tous les maux que Pizarro avoit soufferts, et dont nous devions aussi avoir nécessairement essuyé une partie, puisque nous avions été en Mer pendant le même tems, on crut d’autant plus fortement, que nous avions fait naufrage, ou péri en Mer, ou du moins été obligés de nous en retourner, qu’on avoit point entendu parler de nous dans l’espace de huit mois après qu’on eut su que nous étions partis de Ste. Catherine ; car on regardoit comme une chose impossible que des Vaisseaux pussent tenir la Mer pendant un si long intervalle. Ainsi, à la réquisition des Marchands, et dans la fer-