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CHAPITRE X


Manière dont se fait le Commerce entre la Ville de Manille, Capitale de l’Ile de Luçon, et le Port d’Acapulco, sur la Côte du Méxique.


L’objet principal de l’attention de plusieurs Souverains de l’Europe, à la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième, étoit la découverte de nouveaux Païs, et l’Etablissement de nouvelles branches de Commerce. Ceux de ces Princes qui se distinguèrent le plus par les entreprises de ce genre les plus hardies et les plus heureuses, furent le Roi d’Espagne et celui de Portugal. Le premier fit faire la découverte du vaste et riche Continent de l’Amérique, et de ses Iles ; pendant que l’autre en faisant doubler à ses Flottes le Cap de Bonne Espérance, leur ouvrit le chemin des Indes Orientales, et par les Etablissemens qu’il y fit faire se rendit maître des Produits et Manufactures, qui ont été de tout tems l’objet de la curiosité et du luxe des Nations les plus polies.

Cependant les Espagnols et les Portugais, poursuivant les mêmes vues, quoique dans des Régions bien différentes, devinrent d’abord jaloux, et sentirent que dans peu de tems, ils pourroient se rencontrer. Pour prévenir les mauvais effets de cette concurrence, et pour mettre ces deux Nations en état de travailler chacune de son côté, plus tranquillement à la propagation de la Religion Catholique, pour laquelle, l’une et l’autre avoit signalé en plus d’un endroit son zèle, par le massacre des Infidèles, le Pape Alexandre VI interposa son autorité et fixa les bornes des prétensions des deux Partis. Il donna à la Couronne d’Espagne tous les Païs découverts ou a découvrir à l’Ouest d’un Méridien, pris à cent lieues à l’Occident des Iles Açores ; et au Roi de Portugal tout ce qu’il pourroit conquérir à l’Est de ce Méridien. Dans la suite, ces deux Puissances convinrent de reculer cette Ligne de Démarcation, à deux cens cinquante lieues plus à l’Ouest, et se flattèrent par ce moyen de prévenir tout sujet de dispute entre elles pour l’avenir : les Espagnols crurent n’avoir plus rien à démêler avec les Portugais dans l’Amérique, et ces derniers se flattèrent que leurs Etablissemens dans les Indes Orientales, et particulière-