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Signes, (c’est ainsi qu’ils s’expriment), ils entonnent le Te Deum, et regardent comme finis, les travaux et les dangers de la traversée. Aussitôt ils portent au Sud, sans chercher la vue de la Côte, qu’après être parvenus à une Latitude beaucoup moins avancée ; car en cet endroit la Mer voisime de la Californie, est embarassée d’Iles et de Bas-fonds, et les Navigateurs Espagnols sont trop précautionnés pour vouloir s’y engager. Ce n’est que lorsqu’ils savent qu’ils approchent de l’extrémité Méridionale de cette Presqu’ile qu’ils osent chercher la Terre, tant pour reconnoitre le Cap St. Lucas, afin de vérifier leur estime, que pour prendre Langue, et savoir des habitans, s’il n’y a pas d’Ennemi qui rode dans ces Mers. C’est-là un article exprès des Instructions du Capitaine ; et à cette occasion il faut dire un mot de l’état des Missions des Jésuites en Californie.

Depuis la première découverte de ce Païs, quelques Missionnaires l’аvoient visité de tems en tems, mais sans grand succès, jusqu’en dernier lieu que les Jésuites encouragés et soutenus par une Donation considérable du Marquis de Valéro, Seigneur généreux et très dévot, se sont fixés dans cette Presqu’ile, et y ont établi une Mission très considérable. Leur principal établissement est en dedans du Cap St. Lucas, où ils ont rassemblé plusieurs Indiens, et ont travaillé à les former à l’Agriculture et aux Arts méchaniques. Leurs soins n’ont pas été infructueux ; les Vignes entre autres y ont réussi, et on y fait déja beaucoup de Vin, dont le goût approche de celui du médiocre Vin de Madère, et il commence à être en réputation dans le Méxique.

Les Jésuites, bien établis en Californie, ont déjà étendu leur Juridiction, tout au travers du Païs, d’une Mer à l’autre. Ils sont à présent occupés à pousser leurs découvertes et leurs conquêtes spirituelles vers le Nord : et dans cette vue, ils ont travaillé à découvrir le Golphe de Californie, jusqu’au bout, et les Terres qui le bordent des deux côtés. Ils se flattent même d’en être bientôt les maîtres. Tous ces travaux qui n’ont pour but que le bien de la Société, ne peuvent détourner l’attention de ces Missionnaires du Galion de Manille, où leurs Couvents de cette Ville ont le plus grand intérêt. Ils ont soin de tenir toutes sortes de rafraichissemens prêts pour ce Vaisseau ; et tiennent au Cap St. Lucas, des Sentinelles toujours alertes à découvrir les Vaisseaux ennemis qui pourroient croiser à cette hauteur pour y attendre ce Galion. C’est la Croisière la meilleure pour l’intercepter ; on l’y a souvent rencontré et combattu même, quoiqu’avec assez peu de succès. Ainsi, en conséquence des mesures prises