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pas de tems à perdre ; car le Capitaine a un ordre très exprès d’être ressorti de ce Port, avant le 1 d’Avril, nouveau stile.

La partie de beaucoup la plus considérable de la Charge de ce Galion ; pour le retour, consiste en Argent. Le reste est composé de quelque quantité de Cochenille, de Confitures de l’Amérique Espagnole, de Merceries et de Colifichets d’Europe, pour les Femmes de Manille, et de Vins d’Espagne, de Tinto, ou Vins secs d’Andalousie, nécessaires pour dire la Messe.

La différence de la Cargaison, pour l’allée, ou pour le retour, occasionne aussi une grande différence dans la manière d’équiper et d’avitailler ce Galion. Quand il part de Manille, il est si chargé de Marchandises d’assez grand volume, que les Canons de la Batterie d’embas ne peuvent être montés, et qu’ils sont tous à fond de Cale, jusqu’à ce que le Vaisseau approche du Cap St. Lucas, et qu’on commence à craindre la rencontre de quelque Ennemi. Il n’est monté que du nombre d’Hommes qu’on juge absolument nécessaire, pour sa sureté, afin de n’être pas obligé de se charger d’une grande quantité de Provisions. Mais au retour, la Cargaison occupe peu de place, car l’Argent en prend fort peu ; ainsi il peut avoir sa Batterie d’embas en état, aussi doit-elle être toute montée avant qu’il sorte du Port. L’Equipage est augmenté d’un bon nombre de Matelots, et d’une ou de deux Compagnies d’Infanterie destinées à recruter la Garnison de Manille. Outre cela, il y a toujours plusieurs Passagers Marchands, ou autres ; desorte qu’au retour, il est ordinairement monté de six cens Hommes, et il y a assez de place pour charger les provisions nécessaires pour tout ce Monde.

En partant d’Acapulco le Capitaine tâche d’abord de gagner la Latitude de 13 ou 14 degrés, et dirige ensuite son cours dans ce parallèle, jusqu’à ce qu’il ait la vue de L’Ile de Guam, une des Iles des Larrons. Il est bien averti par son Instruction de prendre garde aux Basfonds de St. Barthélémi, et à ceux de l’Ile de Gasparico. Un autre avis, qui lui est aussi donné, pour l’empêcher de dépasser pendant l’obscurité les Iles des Larrons, est qu’il y a ordre à Guam et à Rota, d’entretenir toutes les nuits du mois de Juin, un Feu allumé sur quelque Hauteur.

Nous verrons dans la suite que Guam est gardé par une Garnison Espagnole, dans la vue d’assurer un lieu de relâche au Galion : cependant la Rade y est si mauvaise que ce Vaisseau n’ose y rester plus de deux jours. Il y prend de l’eau et des raffraichissemens, le plus vite qu’il est