Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ignoroit notre venue, que l’action de retirer la Garde de l’entrée du Port, qui, n’ayant pu se faire que par ordre du Gouverneur, formoit le plus convainquant de tous les argument. Ainsi persuadés que nous n’avions pas été découverts, et que le jour que le Galion devoit partir d’Acapulco était fixé, nous fimes tous les préparatifs nécessaires, et attendimes ce grand jour avec la dernière impatience. Notre Bateau à rame étant revenu le 19 de Février, le Commandeur résolut de rester la plus grande partie du tems qui devoit s’écouler jusqu’au 3 de Mars, à la même hauteur à l’Ouest d’Acapulco, dans l’idée que cette situation étoit celle où nous courions le moins de risque d’être apperçus de la Côte, qui étoit, à ce que nous croyions, la seule chose qui pût nous priver de l’immense trésor, dont l’idée nous occupoit entièrement. Durant cet intervalle, nous nous employames à nettoyer nos Vaisseaux, à tout arranger de façon que rien n’embarrassent leurs mouvemens, et à régler les ordres, les signaux, et les endroits où nous devions croiser, quand nous serions arrivés à la hauteur d’Acapulco, et que le tems du départ du Galion approcheroit.

Le prémier de Mars, nous eumes connoissance des Montagnes, appellée ordinairement les Mammelles, au dessus d’Acapulco, et gagnames avec toute la diligence possible l’endroit que le Commandeur nous avoit assigné. La distribution de notre Escadre en cette occasion, tant pour intercepter le Galion, que pour prévenir que nous ne fussions découverts, étoit si judicieuse, qu’elle mérite que je la décrive plus particulièrement. Voici quelle étoit la disposition du tout.

Le Centurion se posta de façon à avoir les Montagnes au-dessus du Port au N. N. E. à quinze lieues de distance de la Côte, ce qui étoit assez loin pour qu’il fût impossible à l’Ennemi de nous appercevoir. A l’Ouest du Centurion étoit le Carmelo, et à l’Est la Prise du Tryal, le Gloucester, et le Carmin. Tous ces Vaisseaux se trouvoient rangés sur une ligne circulaire, et chacun d’eux étoit à trois lieues du Vaisseau le plus voisin ; si bien qu’un espace de douze lieues séparoit l’un de l’autre le Carmelo et le Carmin, qui étoient aux deux bouts : Et comme le Galion pouvoit être vu à six lieues de distance de chaque bout, nous avions une étendue de vingt-quatre lieues, où aucun Vaisseau ne pouvoit passer sans êtrе apperçu ; ce qui n’empêchoit pas que, par le moyen de nos signaux, nous ne pussions aisément et d’abord être informés de ce qu’on voyoit dans quelque endroit de la ligne. Pour rendre ces arrangemens encore plus соm-