Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/296

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toit la seule avenue par où les Espagnols pussent venir nous inquiéter, nous avions abattu plusieurs grands Arbres, au delà de la source, et les avions fait tomber à travers le chemin. Nous tenions toujours une Garde à cette barricade, et outre cela nos Gens, qui étoient occupés à emplir nos Futailles, avoient ordre d’avoir leurs armes prêtes auprès d’eux, et en cas d’alarme, de se rendre d’abord à ce Poste. Quoique ces précautions fussent prises sur-tout contre une attaque subite de la Cavalerie des Ennemis, elles étoient encore utiles à un autre égard, non moins important : c’est qu’elles empêchoient nos Gens de s’écarter seuls dans la campagne, et de tomber entre les mains des Espagnols, qui avoient surement bonne envie d’en attraper quelqu’un, pour tâcher d’en tirer quelques lumières, touchant nos desseins pour l’avenir. Pour parer à cet inconvénient, on donna des ordres très sévères aux Sentinelles, de ne laisser passer cette barricade à personne : cependant, malgré toutes ces attentions, un certain Louis Léger disparut. C’étoit le Cuisinier du Commandeur, et comme il étoit François et soupçonné d’être Catholique, nous nous figurames qu’il avoit déserté pour nous trahir, et pour apprendre à l’Ennemi ce qu’il pouvoit savoir de notre état et de nos desseins. Il n’en étoit pourtant rien : nous sçumes depuis qu’il avoit été surpris par quelques Indiens qui le menèrent prisonnier à Acapulco, d’où il fut transféré à Méxique, et au delà à la Vera-Crux, où on le fit embarquer pour l’Espagne, Le Vaisseau où il étoit, fut obligé par quelque accident de relâcher à Lisbonne, où Léger trouva moyen de débarquer, et le Consul Anglois lui procura l’occasion de repasser en Angleterre. Il y porta les premières nouvelles sûres de ce qui nous étoit arrivé, jusqu’au moment qu’il nous quitta. La manière dont il fut pris est telle, suivant ce qu’il a raconté. Il erroit dans le Bois, en cherchant des Limons pour la table de son Maitre, à quelque distance de la Barricade, qu’il avoit voulu passer, mais dont on l’avoit repoussé avec menaces ; lorsqu’il fut surpris par quatre Indiens, qui le dépouillèrent, nud comme la main, et le menèrent en cet état à Аcapulсо, exposé à toute l’ardeur d’un Soleil brulant. Il fut assez maltraité à Méxique et pendant toute sa prison, il éprouva les effets de la haine des Espagnols, pour tous ceux qui vont les troubler dans la paisible possession des Côtes de la Mer du Sud. Le sort de cet Homme fut bien triste ; аprès tout ce qu’il avoit souffert, comme les autres dans notre voyage, et les rigueurs de sa captivité, le malheur l’attendoit encore en Angleterre. Des amis de Mr. Апson eurent soin à son arrivée