Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/307

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Nos autres Officiers ont paru depuis, en plus d’une occasion, dignes d’avoir un tel Chef à leur tête. Nos Matelots, qui n’ont jamais fait manquer une entreprise, faute de valeur, animés par la grandeur du butin qu’ils avoient à attendre, et commandés par des Gens d’un mérite distingué, étoient en état d’égaler les exploits les plus éclatans de nos Marins Anglois.

Baldivia étant pris, et il ne nous en eût coûté pour cela que la peine de l’attaquer, il est à présumer que les Araucos, les Puelches et les Penguinches, qui habitent les bords de la Rivière Impériale, à vingt-cinq lieues au Nord de Baldivia, auroient d’abord pris les armes. Dans la disposition où nous venons de voir qu’ils étoient, ils n’auroient pas voulu perdre une si belle occasion. Ces Peuples peuvent mettre trente mille Hommes en Campagne presque tout Cavallerie ; rien ne les empêchoit d’entrer dans le Chili, qu’ils auroient trouvé dépourvu d’Armes et de Munitions, et peuplé d’Habitans que l’opulence et les plaisirs ont rendus incapables de résister à des Gens aussi durs et aussi faits à la fatigue que le sont ces Indiens. Ceux des Frontières du Pérou n’étoient pas moins disposés que les Araucos à secouer le joug des Espagnols, et auroient aussi, suivant toutes les apparences, voulu profiter de l’оссasioп, desorte qu’il pouvoit fort bien s’ensuivre une révolte générale dans toute l’Amérique Méridionale soumise aux Espagnols. En ce cas, la seule ressource qui restât aux Créoles, mécontens d’ailleurs du Gouvernement, c’étoit de s’accommoder, du mieux qu’ils auroient pu, avec les Indiens, et de se soustraire à l’obéissance d’un Maître, qui veilloit si peu à leur sureté. Cette dernière conjecture paroitra peut-être ridicule à ceux qui mesurent tout le possible, à la courte mesure de leur propre expérience ; mais non à ceux qui voudront faire attention aux circonstances, et sur-tout à l’éloignement où étoient les Créoles, des mesures que la Cour d’Espagne suivoit depuis quelques années. Quoiqu’on veuille penser de cette révolte générale, il suffit pour mon raisonnement, qu’on ne puisse pas douter que notre arrivée n’eût fait prendre les Armes aux Aгaucos ; et il n’en falloit pas davantage pour oter à l’Ennemi le moyen de s’opposer à nos entreprises. Il auroit été obligé de tourner tous ses efforts contre ces Indiens ; car ce n’est qu’avec horreur que les Espagnols se rappellent le sac de leurs Villes, la destruction de leurs Couvens et de leurs Églises, l’enlèvement de leurs Femmes et de leurs Filles, par ces fiers Sauvages, dans la der-