Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/337

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meux ; sans pourtant qu’aucun de nous en ait jamais rien souffert.

Mais un inconvénient bien plus terrible, et dont il nous reste à parler, est que l’ancrage n y est nullement sûr dans certaines Saisons de l’année. Le meilleur Mouillage pour des Vaisseaux соnsidérables est au S. О. de l’Ile, ou (a) représente le Pic de Saypan, vu par dessus la partie Septentrionale de Tinian, et restant au N. N. E. demi-quart à l’E. En (b) est le lieu d’ancrage, à huit milles de distance de l’ Observateur. La vue du même ancrage est outre cela encore représentée de fort près, afin qu’on coure moins risque de s’y tromper à l’avenir. Ce fut en cette endroit que le Centurion mouilla sur vingt et deux brasses d’eau, vis-à-vis d’une Baye sablonneuse, environ à un mille et demi du rivage. Le fond de cette rade est rempli de Rochers de Corail, fort pointus, qui, durant quatre mois de l’année, c’est-à-dire, depuis la Mi-Juin jusqu’à 1а Mi-Octobre, rendent le lieu d’ancrage très peu sûr. Cette Saison est celle de la Mousson de l’Ouest : aussi longtems qu’elle dure, le vent, vers le tems de la pleine et sur-tout de la nouvelle Lune, est ordinairement variable, et fait même quelquefois le tour du compas. Il souffle alors avec tant de violence, qu’on ne sauroit guère se fier aux plus gros cables ; et le danger est encore augmenté par la rapidité du flux, qui va au S. E. entre cette Ile et celle d’Aguigan, petite Ile proche du bout Méridional de Tinian, qui est représentée dans la Carte générale simplement par un point. Ce flux amène une prodigieuse quantité d’eau, et fait que la Mer s’enfle d’une manière terrible ; desorte que nous eumes plus d’une fois sujet de craindre d’être submergés par les vagues, quoique nous fussions dans un Vaisseau de soixante pièces de Canon. Les huit autres mois de l’année, c’est-à-dire, depuis la Mi-Octobre jusqu’à la Mi-Juin, il fait un tems égal et constant, et pourvu que les cables soient bien garnis, il n’y a pas de risque qu’ils soient endommagés : si-bien que durant tout cet intervalle la Rade est aussi sûre qu’on peut la souhaiter. J’ajouterai simplement ici, que le Banc, qui sert de lieu d’ancrage, a beaucoup de pente, et court S.O. sans avoir d’autre bas-fond qu’une suite de Rochers au-dessus de l’eau, éloignée du rivage d’environ un demi-mille, et qui laisse un étroit passage, que les Chaloupes doivent suivre pour se rendre dans une petite Baye sablonneuse, le seul endroit où il leur est possible d’aborder. Après ce détail touchant l’Ile et ses productions, il est tems que je reprenne le fil de notre Histoire.

Notre première occupation, après notre arrivée, fut de porter nos