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les trois principale, contenoient plus de cinquante mille Habitans. Depuis ce tems-là Tinian est totalement dépeuplé, et l’on n’a laissé que deux ou trois cens Indiens à Rota, pour cultiver du Ris, qui sert à nourrir les Habitans de Guam ; ensorte qu’il n’y a proprement que cette dernière Ile, qu’on puisse dire habitée. C’est-là, que les Espagnols ont un Etablissment, un Gouverneur et une Garnison, et que le Galion de Manille touche à son retour d’Acapulco. Les Espagnols disent que cette Ile a trente lieues de tour, et qu’elle est peuplée de quatre mille ames, dont le quart habite la Ville de St. Ignatio de Agand, Capitale de l’Ile, et résidence du Gouverneur. Les Maisons en sont, dit-on, considérables pour un lieu aussi reculé et d’aussi peu de commerce, elles sont bâties de pierres et de bonne charpente. Ce poste qui n’est important que par le passage du Galion et les rafraichissemens qu’il lui fournit, est défendu par deux Forts, situés sur le rivage de la Mer ; l’un s’appelle le Château de St. Angelo, et défend la Rade où le Galion mouille, autant que ses forces le permettent, telles qu’on peut les estimer par l’état de son Artillerie, qui consiste en cinq pièces de huit livres de balles. L’autre nommé St. Louis, est à quatre lieues au N. E. du prémier, et destiné à défendre une Rade où mouille un petit Bâtiment de Manille, qui vient à cette Ile, tous les deux ans une fois. Ce dernier Fort est garni d’Artillerie, précisément comme l’autre : et outre ces deux Forts, il y a encore une Batterie de cinq pièces, sur une éminепсе voisine de la Mer. La Garnifon Espagnole consiste en trois Compagnies d’Infanterie, de quarante à cinquante Hommes chacune ; et ce sont-là toutes les Troupes, sur quoi le Gouverneur peut compter : car pour les Indiens, il s’y fie si peu qu’il a pris le parti de ne leur souffrir ni Armes à feu, ni Lances.

Les autres Iles, quoiqu’inhabitées, sont fertiles en plusieurs sortes de vivres excellens ; mais sans Ports, ni bonnes Rades. J’ai déja parlé de celle de Tinian ; la Rade de Guam n’est pas beaucoup meilleure ; il arrive souvent que le Galion, quoiqu’il n’y séjourne que vingt-quatre heures, chasse sur ses ancres, est jetté en Mer, et contraint d’abandonner sa Chaloupe. On ne cesse de la part du Conseil de Manille d’exhorter le Gouverneur de Guam, à employer toute son industrie pour découvrir un Port sûr dans ces Quartiers. Je ne sais jusqu’où va cette industrie, et quel soins on s’est donnés pour cet effet ; mais il est certain que jusqu’à présent, on ne connoit pas un seul bon Port, dans aucune des Iles, qu’on trouve en assez grand nombre, entre le Méxique et les Philippines quoi-