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deux pièces de l’Arrière, et le Centurion ayant prolongé sa Vergue de Sivadière, afin d’être en état d’en venir à l’abordage s’il y avoit moyen, les Espagnols par bravade en firent autant. Peu après le Centurion se plaça Côte à Côte et sous le vent des Ennemis, à la portée du Pistolet, dans la vue de les empêcher de gagner de l’Avant, et de se jetter dans le Port de Jalapay, dont ils étoient éloignés de sept lieues. Ce fut alors que le combat devint sérieux, et pendant la première demi-heure, le Centurion dépassa le Vaisseau ennemi, et foudroya son Avant : la largeur de ses Sabords lui permettoit de faire jouer toutes ses pièces sur le Galion, tandis que celui-ci ne pouvoit se servir que d’une partie des siennes. Dès le commencement de l’Action, les nattes dont les Espagnols avoient rempli leur Bastingues, prirent feu et jettèrent une flamme qui s’élevoit jusqu’à la moitié de la hauteur du Mât de Misaine. Cet accident, qu’on crut causé par la bourre du Canon de nos Gens, jetta l’Ennemi dans une grande confusion, et alarma aussi le Commandeur, qui craignit que le Galion n’en fût consumé, et que le feu ne se communiquât aussi à son Vaisseau. Enfin les Espagnols vinrent à bout de se tirer de cet embaras en coupant leurs Bastingues et faisant tomber à la Мег, toute cette masse enflammée. Cependant le Centurion conservoit sa situation avantageuse ; son Canon étoit servi avec beaucoup de régularité et de vivacité, tandis que ses Fusiliers, placés dans les Hunes, découvroient tout le Pont du Galion ; ils avoient d’abord nettoyé les Hunes de ce dernier Bâtiment, après quoi ils avoient fait un mal infini aux Espagnols, tuant ou mettant hors de combat, tous leurs Officiers qui se montroient sur le demi-Pont, à l’exception d’un seul. Le Général des Galions même en fût blessé. Quoique le Centurion perdit l’avantage de sa situation, après la première demi-heure, se trouvant Côte à Côte du Galion, et que l’Ennemi soutint son feu, encore pendant une heure, notre Canon, chargé à mitrailles, nettoya enfin si bien leur Pont, et leur tua tant de monde, qu’ils commencèrent à perdre courage, sur-tout lorsque leur Général, qui étoit l’ame du combat, fut hors d’état d’agir. On s’appercevoit bien de leur désordre, car les deux Vaisseaux étoient si près, qu’on voyoit du Centurion les Officiers Espagnols parcourant le Galion, pour tâcher de retenir leurs Gens à leurs Postes : mais tous leurs efforts furent vains ; et après avoir tiré pour dernier effort, cinq ou six coups de Canon, avec plus de justesse qu’à leur ordinaire, ils se reconnurent vaincus. Le Pavillon Espagnol avoit été emporté de son Bâton, dès le commencement de l’Action, ainsi