Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/418

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Seigneur. Voila jusqu’où alla la condescendance du Commandeur pour les Supercargos, et quoiqu’il ne paroisse pas qu’on pût en exiger davantage, encore ces Messieurs n’y aquiescèrent-ils pas sans beaucoup de difficultés ; les Chinois, de leur côté, exigèrent comme une condition de leur consentement, que Mr. Anson payât tout ce qu’il avoit acheté d’eux, avant qu’il reçût les effets. Enfin tout étant ajusté, le Commandeur eut au moins la satisfaction de s’assurer qu’on travailleroit aux Préparatifs qui lui étoient nécessaires ; et de pouvoir les presser, puisqu’il étoit sur les lieux.

Durant cet intervalle, les Marchands n’entretenoient Mr. Anson que des mouvemens, qu’ils se donnoient pour obtenir les permissions du Viceroi, et des grandes difficultés qu’ils y trouvoient ; mais il étoit si convaincu qu’il n’y avoit pas un seul mot de vrai dans tous ces discours ; qu’il n’y faisoit d’attention, que pour s’en divertir. Dès qu’il vit, vers le 24 de Novembre, tems où la Mousson de Nord-Est commence, que toutes ses Provisions étoient prêtes à embarquer, il résolut de s’adresser directement au Viceroi et de lui demander une audience, sans laquelle il étoit persuadé qu’il auroit bien de la peine à obtenir la permission de faire embarquer ses Provisions. Il envoya donc, ce jour-là même, un de ses Officiers, au Mandarin, qui commandoit la Garde à la principale porte de Canton, avec une Lettre pour le Viceroi. Le Mandarin reçut l’Officier très poliment, écrivit en Chinois le contenu de la Lettre, et promit de la remettre immédiatement au Viceroi ; il ajouta, qu’il étoit inutile qu’il en attendît la réponse, parce qu’on la feroit tenir par un Message exprès au Commandeur.

Ce n’avoit pas été une petite affaire, que de trouver un bon Interprète pour envoyer avec cet Officier. Mr. Anson ne pouvoit se fier en cette occasion à aucun de ces Chinois, qui font le métier de Truchement : mais enfin il obtint de Mr. Flint, qui étoit de la Factorie Angloise, et qui parloit fort bien Chinois, de faire pour lui cet office. Mr. Flint, qui, en cette occasion et en plusieurs autres fut d’une grande utilité à Mr. Anson, fut laissé fort jeune à Canton par le feu Capitaine Rigby pour y apprendre le Chinois. Ce Capitaine étoit persuadé qu’il seroit d’une très grande utilité à notre Compagnie des Indes, d’avoir en cet endroit un bon Interprète Anglois ; et quoique l’expérience ait prouvé que cet avantage étoit plus grand, qu’on ne pouvoit l’espérer, je n’ai pas appris que cet exemple ait été imité jusqu’à présent. Nous préférons ridiculement de faire le