Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/74

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quand les Portugais secouèrent le joug Espagnol, ceux du prémier de ces Peuples, qui habitoient le Brézil, prirent part à la révolte, et se mirent en moins de rien en possession de ce que les Hollandois leur avoient enlevé, Depuis ce tems-là ce païs a toujours été sous la domination du Portugal ; mais alors, et jusqu’à la fin du siècle passé, on n’y recueilloit que du Sucre, du Tabac, et quelques autres productions de peu d’importance.

Les choses ont bien changé depuis. Car vers le commencement de ce siècle on découvrit que le Brézil contenoit une prodigieuse quantité des deux principaux objets de la cupidité des hommes, de l’or et des diamans. On trouva d’abord de l’or dans les montagnes peu éloignées de la Ville de Rio Janeiro. On raconte diversement la manière dont cette découverte se fit ; mais le sentiment ordinaire est que quelques Soldats Portugais, chargés d’une expédition contre des Indiens, qui demeuroient assez avant dans les terres, avoient remarqué que les habitans se servoient de ce métal pour leurs hameçons. On sçut ensuite, après d’exactes informations, que les torrens, en descendant des montagnes, emportoient annuellement une grande quantité d’or, qui restoit parmi le sable et le gravier, dans les vallées, et qu’on alloit y chercher dès que les eaux étoient écoulées. Il n’y a guère plus de quarante ans qu’on a transporté quelque or, au moins qui vaille la peine d’en parler, du Brézil en Europe ; mais depuis ce tems la chose a été annuellement en augmentant, parce qu’on a découvert dans d’autres Provinces divers endroits, où ce métal n’abonde pas moins qu’il ne faisoit au commencement aux environs de Rio Janeiro. J’ai entendu assurer qu’il y a une veine d’or, qui s’étend par tout le païs, environ à vingt-quatre pieds de la surface, mais que cette veine n’est pas assez riche pour payer les fraix du travail. Cependant, toutes les fois que les pluies ou les rivières ont соц1é pendant quelque tems dans un endroit, il y a toujours moyen d’y trouver de l’or, les eaux ayant séрaré ce métal de la terre et l’ayant déposé dans le Sable de leurs lits, ce qui épargne la peine, et la dépense de creuser ; desorte que c’est un profit sûr, dès qu’on peut faire quitter à une rivière son ancien lit en détournant le cours de ses eaux. De cе détail touchant la manière de rassembler l’ог, il suit, qu’à proprement parler il n’y a point de Mines d’or dans le Brézil ; ce que le gouverneur de Rio Grande, qui visita fréquemment Mr. Anson durant notre séjour à Ste. Catherine, afirma positivement, assurant que tout l’or se trouve dans le lit des rivières, ou au pied des montagnes