Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/78

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de beaucoup le plus sûr et le meilleur de tous ceux qu’il y a le long de cette côte, il y a lieu de supposer, que si les richesses des environs répondent à ce qu’on s’en promet, elle deviendra avec le tems la principale Colonie du Brézil, et le Port le plus considérable de toute l’Amérique Méridionale. Le détail, où je viens d’entrer touchant l’état présent du Brézil et de l’Ile de Ste. Catherine, m’a paru d’autant plus nécessaire que cette Ile passe généralement pour le meilleur endroit de refraichissement que nos Armateurs, qui veulent se rendre dans la mer du Sud, puissent trouver. J’ai cru devoir informer mes Compatriotes que ce séjour a des inconvéniens qu’on ne se seroit pas imaginé devoir y attendre ; et comme les particularités rapportées au sujet de l’or et des Diamans du Brézil ont été la plupart ignorées jusqu’à présent, il m’a paru que le Lecteur ne regarderoit pas ces particularités comme une digression inutile. Reprenons à présent le fil de notre narration.

Dès que nous fumes arrivés à Ste. Catherine, nous nous occupames à porter nos malades à terre, à nous pourvoir d’eau et de bois, à netttoyer nos Vaisseaux, et à mettre en bon état nos Mâts et nos Agrés, comme il à été dit dans le Chapitre précédent. Mr. Anson ordonna en même tems qu’on fournît aux Equipages des Vaisseaux, des Viandes fraîches, et qu’on leur donnât à l’égard de tous les vivres ration complète. En conséquence de ces ordres, nous recevions chaque jour à bord autant de bœuf frais qu’il en falloit pour notre consomption journalière, et ce qui manquoit pour compléter nos rations nous étoit fourni par la Pinque Anne, afin de garder pour l’avenir les provisions qui étoient à bord de l’Escadre. La saison de l’annéе devenant de jour en jour moins favorable pour doubler le Cap Horn, Mr. Anson souhaitoit de remettre en mer le plutôt possible ; et véritablement nous eumes lieu d’abord d’espérer que nous pourrions partir dans une quinzaine de jours, ce terme nous paroissant suffisant pour achever ce que nous avions à faire. Mais après avoir examiné les mâts du Tryal, nous remarquâmes avec un sensible chagrin, qu’il nous faudroit bien le double de ce tems. Car il se trouva que le grand mât étoit fendu.

Mais on jugea qu’il suffisoit de le fortifier par deux Jumelles. Comme on trouva aussi que le mât de misaine ne pouvoit plus servir il fut ordonné aux Charpentiers d’aller dans les bois pour y chercher quelque arbre propre à en faire un mât de misaine ; mais après avoir cherché pendant quatre jours, ils revinrent sans avoir trouvé aucun arbre qui