Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/80

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Il s’écoula près d’un mois avant que le Tryal fût réparé. Non seulement les mâts du bas étoient fendus, comme il a été dit, mais le grand perroquet, et la vergue de misaine ne pouvoient absolument plus servir, étant presque pourris. Pendant qu’on étoit occupé à cet ouvrage on amarra de nouveaux haubans aux autres Vaisseaux de l’Escadre, et l’on y ajouta même des haubans surméraires afín d’assurer d’autant plus les mâts. Pour mettre les Vaisseaux en état de porter plus de voiles, et les empêcher de travailler trop quand le vent seroit violent, chaque Capitaine eut ordre de faire descendre à fond de cale quelques-unes de leurs plus grosses pièces de Canon. Ces ordres étant exécutés, et les Vaisseaux ayant pris à bord autant d’eau et de bois, qu’ils pouvoient en loger, le Tryal se trouva à la fin en état de mettre en mer avec le reste de l’Escadre, les tentes, qui avoient été dressées sur le rivage, furent abbattues, et les malades revinrent à bord. Leur retour nous fournit une trisle preuve, que la bonté de l’air de cet endroit avoit été extrêmement exagérée par les Ecrivains qui en avoient parlé, car le Centurion, après avoir perdu vingt et huit hommes depuis notre arrivée, avoit quatre vîngts seize malades, au lieu qu’il n’en avoit que quatre-vingts quand nous abordames à Ste. Catherine. Notre monde embarqué, et tout étant prêt pour le départ, le Commandeur fît venir tous les Capitaines à son bord et leur délivra ses ordres touchant les différens lieux de rendez-vous depuis Ste. Catherine, jusqu’aux côtes de la Chine. Le lendemain, 18 de Janvier, le signal fut donné pour lever l’Ancre, et nous quittames sans regrêt une Ile, dont nous nous étions formé les plus flatteuses idées, mais qui, en fait de vivres, de rafraichissemens, et d’Hospitalité, ne répondit nullement à notre attente.