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Ces nouvelles nous auroient empêché de relâcher au Port St. Julien si nous avions pu nous dispenser de donner le radoub au Tryal, mais ce Vaisseau étant hors d’état de doubler le Cap, à moins que d’être réparé, il fallut se résoudre à cette perte de tems. Le soir du même jour, nous remouillames à 25 brasses, fond mêlé de vaze et de sable, le plus haut Mondrain nous restant au S. O. vers l’O. Nous levames l’ancre le lendemain à neuf heures du matin, et envoyames les deux Canots du Centurion de la Severn à la découverte du Port St. Julien, pendant que les vaisseaux côtoyoient à une lieue de Terre. A six heures du soir, nous jettames l’ancre dans la Baye de St. Julien, à 19 brasses, fond vazard mêlé de sable, le Païs le plus au Nord, que nous avions en vue, couroit N., un peu vers l’E. celui qui étoit au Sud, couroit S., demi-quart à l’Est, et le haut Mondrain que le Chevalier Narborough à nommé le Wood’s Mount à l’О. S. О. Peu après le Canot revint à bord, après avoir découvert le Port, que nous ne pouvions voir d’où nous étions, la pointe du Nord couvrant celle du Sud. Pour faciliter la connoissance de cette Côte à ceux qui y iront à l’avenir, je donne ici deux vues. La prémière est celle de la Terre des Patagons, au Nord du Port St. Julien, où (w) est Wood’s Mount ; l’entrée de la Baye St. Julien tourne autour de la Pointe (c). La seconde vue est celle de la Baye même ; (w) est encore Wood’s Mount, (A) le Cap St. Julien, et (b) le Port ou l’entrée de la rivière.

Le radoub du Tryal étant le principal motif de notre relâche dans la Baye de St. Julien, dès-que nous y fumes ancrés, les Charpentiers se mirent à l’ouvrage ; et le continuèrent pendant tout le tems que nous y séjournames. Le grand Mât de ce Vaisseau étoit rompu à douze pieds de la tête, et on trouva moyen de se servir du reste : le Wager eut ordre de livrer un grand Mât de Perroquet de réserve, dont on fit un nouveau Mât d’Artimon pour le Tryal. Je ne puis à ce sujet m’empêcher de remarquer que l’accident arrivé à ces Mâts, qui nous fut si sensible alors, par le retard qu’il occasionna, fut la cause du salut de ce Vaisseau et de son Equipage. Car avant ces changemens, ses Mâts convenables à des Climats plus doux, étoient beaucoup trop grands pour les Mers orageuses que nous trouvames plus au Sud. Si ces Mâts avoient résisté à la dernière Tempête, il leur eût été impossible de soutenir les Tempêtes terribles que nous essuyames en doublant le Cap Horn, et s’ils étoient nvenus à rompre dans cette occasion, c’en étoit fait du Vaisseau et de