Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/94

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Côte Occidentale ou des environs du Détroit, qui viennent quelquefois errer vers cette Côte Orientale. Comme les Indiens des environs de Buénos Ayres sont bien plus nombreux que ceux qui habitent plus au Sud, ils les surpassent aussi de beaucoup en courage et en activité, et paroissent approcher à cet égard, de ces braves Chiliens qui après avoir résisté à toute la puissance des Espagnols, dont ils ont saccagé souvent les Colonies, ont jusqu’à présent maintenu leur indépendance. Ceux des environs de Buénos Ayres sont devenus d’excellens hommes de Cheval, et manient toutes sortes d’armes blanches avec une extrême adresse ; pour les armes à feu, ils en ignorent l’usage, et les Espagnols ont grand soin de ne leur en pas fournir. L’histoire d’Orellana et de ses Compagnons, que nous avons rapportée ci-dessus, suffit pour donner une idée de la vigueur et du courage de ces Peuples, et certainement si nous avions dessein de détruire l’Empire des Espagnols dans l’Amérique, il n’y aurait pas de moyen plus efficace que celui d’encourager et d’assister ces Indiens et ceux du Сhili.

Voila ce que j’avois à dire touchant la Côte Orientale de la Terre des Patagons. La Côte Occidentale a moins d’étendue, et comme elle est bornée par les Andes, qui poussent des branches qui descendent jusqu’à la Mer, elle en pleine de rochers et dangereuse. J’aurai occasion d’en parler encore dans la suite, ainsi je quitte à présent ce sujet et reviens à la description du Port St. Julien, dont on peut se former une idée générale par la planche que je joins ici. Il faut remarquer que la barre, qui est à l’entrée, change souvent et qu’il s’y trouve plusieurs ouvertures. La Marée y court N. et S. et dans les nouvelles et pleines Lunes, elle monte de quatre brasses.

A notre arrivée, nous envoyames un Officier à terre, pour y chercher le Marais salant, marqué (D) dans le Plan, avec ordre d’y ramasser du sel pour l’usage de notre Escadre. Le Chevalier Narborough observa durant son séjour au Port St. Julien, que ce Sel étoit fort blanc et fort bon, et qu’en Février il y en avoit de quoi charger mille Vaisseaux ; mais notre Officier nous en rapporta un échantillon de très chétive apparence, et nous dit de plus qu’il y en avoit très peu : apparemment que la saison avoit été trop pluvieuse, et l’avoit fait fondre. Рour donner une idée plus juste de ce Port et du terrain qui l’environne, auquel celui de toute cette Côte ressemble beaucoup, j’en ai fait graver les deux vues suivantes. L’une est prise en regardant vers le haut de la rivière, l’autre suppose que le Spectateur, placé au même endroit, s’est retourné et regarde vers l’embouchure.