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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

n’avaient pas plus de trois jours de date. Ces signes du voisinage de la grande chasse des prairies ranimèrent un peu nos chasseurs ; mais cet effet ne fut pas de longue durée.

En traversant une prairie d’une médiocre étendue, que les pluies récentes avaient changée en marais glissant, nous fûmes surpris par de violens coups de tonnerre. La pluie tombait par torrens, et coulait avec bruit sur la terre. Toute la campagne fut soudain enveloppée d’une obscurité qui augmentait l’effet éblouissant de larges éclairs, semblables à des nappes de feu. On eût dit que le tonnerre grondait précisément au-dessus de nos têtes, et les bois, les forêts autour et au milieu de la prairie, répétaient en échos prolongés ce roulement majestueux. Hommes et bêtes, mouillés, effarés, harassés, rompaient les rangs, et couraient à l’aventure. La frayeur avait rendu plusieurs chevaux impossibles à conduire, et notre colonne en désordre ressemblait à une flotte dispersée par la tempête, et poussée d’ici et de là, au gré des vents et des flots.

Enfin, à deux heures et demie, nous arrivâmes à un lieu propre à faire halte, et, rassemblant nos forces, nous campâmes dans un bosquet élevé et découvert. À l’instant, la forêt