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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

ombres parmi lesquelles un coursier gris se détachait ça et là en brillant relief.

Le bois, ainsi éclairé par la lueur rouge et intermittente des feux, ressemblait à un vaste dôme de feuillage cerné par des ténèbres opaques. Cependant, par intervalles, une suite d’éclairs révélait un paysage étendu, où des champs, des forêts, des ruisseaux paraissaient prendre vie pour quelques secondes ; mais avant que l’œil eût eu le temps de les saisir, ils se perdaient de nouveau dans l’obscurité.

Un orage de tonnerre, sur les prairies comme sur l’océan, emprunte une grandeur, une sublimité additionnelle de l’espace immense et sauvage sur lequel il exerce ses fureurs. Il n’est pas surprenant que ces phénomènes imposans de la nature soient l’objet de la vénération superstitieuse des pauvres Indiens, et qu’ils considèrent la foudre comme la voix du Grand-Esprit en colère. Tandis que nos métis babillaient auprès du feu, je tirai d’eux quelques unes des idées adoptées par les sauvages à ce sujet. Ces derniers prétendent que les tonnerres éteints sont quelquefois trouvés sur les prairies par les chasseurs, lesquels s’en servent pour faire des pointes de flèches ou de lances. Ils assurent qu’un guerrier