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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

cheval, sur des prairies tapissées de fleurs et sous un ciel sans nuages.

Je restai assez tard, couché auprès du feu du capitaine, écoutant des histoires sur ces pirates des prairies, et me livrant à quelques réflexions de mon cru. Soudain de grandes clameurs et des cris de triomphe s’élevèrent à l’autre extrémité du camp, et l’on vint nous apprendre que Beatte le métis avait amené un cheval sauvage.

En un moment, tous les feux sont abandonnés, et l’on se presse pour voir l’Indien et sa prise. C’était un poulain d’environ deux ans, de belle venue, parfaitement bien fait, avec des yeux saillans, et annonçant par ses mouvemens et l’expression de sa tête une grande vivacité, mais en même temps de la douceur. Il regardait autour de lui, d’un air de profonde surprise, les hommes, les chevaux, les feux ; tandis que l’Indien, debout devant lui, les bras croisés, tenait le bout de la corde qu’il avait passée au cou de son captif, en fixant sur lui des regards d’une fermeté imperturbable. Beatte, comme je l’ai déjà dit, avait le teint olivâtre et des traits marqués, assez semblables aux bronzes de Napoléon. Ainsi posé en face de sa capture, dans une