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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

les intervalles où la pluie cessait, ils sortirent à cheval pour se mettre à l’affût dans les bois. De temps en temps le bruit éloigne d’un fusil nous annonçait la mort d’un daim.

On apporta de la venaison en abondance ; quelques uns des cavaliers s’occupèrent, sous les abris, à écorcher et à dépecer les pièces ; d’autres étaient employés, autour des foyers, à faire usage des broches et des chaudrons ; et bientôt une sorte de bombance régna dans le camp. La hache ne se reposait pas un instant, et fatiguait les échos de la forêt. Crac ! un arbre gigantesque tombait, et en peu de minutes ses branches flambaient, pétillaient dans les énormes feux de camp ; et quelque malheureux daim, qui se jouait naguère sous leur ombre, rôtissait alors devant elles.

Le changement de temps avait singulièrement affecté notre petit Tony. Sa maigre structure, composée d’os et de nerfs, était rongée de rhumatismes ; il avait mal aux dents, mal à la tête, le visage tiré, des douleurs dans chaque membre ; et tout cela semblait accroître son activité : il se démenait autour du feu, rôtissait, fricassait, grognait, grondait et jurait comme un vrai démoniaque.