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À L’OUEST DES ÉTATS-UNIS

L’apparence de notre troupe était en harmonie avec le paysage. Nous formions une ligne d’un demi-mille de longueur, tournant parmi des fourrés et des clairières, montant et descendant les défilés des collines. Nos hommes portaient toutes sortes de costumes bizarres, et montaient des chevaux de toutes les couleurs. Les chevaux de bât s’écartaient sans cesse pour aller brouter dans les herbages, et Tony et ses confrères, les métis, les ramenaient à force de coups et de juremens. De temps en temps les notes du cor, à la tête de la colonne, réveillaient les échos des bois et des vallées profondes, en rappelant les traîneurs et en annonçant la direction de la marche. L’ensemble de la scène me rappelait les bandes de boucaniers traversant les solitudes de l’Amérique méridionale dans leurs expéditions contre les établissemens espagnols.

Une fois, en traversant un pré entouré de bosquets, nous vîmes les longues herbes couchées en plusieurs places : c’étaient les lits des daims qui avaient dormi la précédente nuit sur ce pré. Quelques chênes portaient aussi la marque des griffes des ours qui avaient grimpé le long de leur trône pour chercher du gland. En approchant d’une clairière donnant sur ce pâturage,