Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/101

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des cornets faits d’une pâte légère avec de la glace rose à l’intérieur… Mais il n’y en aura pas en hiver… quel malheur !

— Il y aura des buns, dit Robert, et du plum-cake, probablement et des cerises à l’eau-de-vie et de la réglisse.

— Oh, ça, c’est pour les enfants, la réglisse.

— Tiens, tiens ! vous êtes devenue une grande personne ! Vous serez complètement gâtée pour nous autres pauvres diables, quand vous aurez vécu un peu à Silverton.

— Mais, M. Rideout, ce n’est pas vous qui aurez à vivre avec moi, alors vous n’avez pas à vous en inquiéter.

Ils dégringolèrent la côte à tombeau ouvert, car la patience de Robert était à bout. Il ne dit pas un mot tandis qu’ils se précipitaient ainsi, ni en montant la grande rue, ni en pénétrant dans la cour pavée de l’auberge où il détela la jument pour la mettre à l’écurie. Toujours sans mot dire, il chargea sur son épaule la malle de Gillian et se dirigea vers la gare. La route revenait en arrière sur une courte distance et ils eurent Dysgwlfas devant eux. Elle s’étendait là si vague, si bleue, la longue ligne flottante qui représentait tant de milles de terre plissée, rapiécée et retournée. Là était son foyer, c’est là qu’il devait rester jusqu’à ce qu’il eût accompli la tâche que lui imposait la lande silencieuse. Il fallait qu’il lui arrache le cœur, à cette lande, qu’il le mélange à son être à lui, qu’il en fasse une chose adorable et impérissable. Il faudrait y mélanger aussi l’âme de Gillian Lovekin. Il ne possédait ni connaissances, ni mots, ni livres et pourtant il le ferait.

« Ah, se dit-il, en méditant sur cette ligne de hau-