Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/108

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— Je suis venue deux fois au-devant de toi, dit la tante, déjà disposée à se radoucir.

Gillian la serra chaleureusement dans ses bras et dit :

— Je n’aurais que ce que je mérite si vous ne m’aviez pas gardé de thé et que je meure de faim.

— Personne ne mourra de faim chez moi, Juliana.

— Oh que vous êtes bonne, tantine !

Elles sortirent à pied de la cour de la gare et montèrent la grande rue aux beaux magasins bien éclairés de chaque côté. La pâtisserie, tout en haut, était éblouissante de lumière, avec des boîtes de chocolat aux rubans de couleurs vives.

— Londres lui-même, dit Gillian, ne saurait être plus joli :

— Oh, Londres !… Enfin je n’y suis jamais allée, Silverton me suffit. Quand on a une église et un docteur, un boucher et les autres fournisseurs pour l’indispensable, un bon magasin de laines et du charbon à un prix raisonnable, on n’a, à mon avis, aucun besoin de Londres.

— Mais on raconte tant d’histoires…

— Oh, les histoires ! Laisse les gens en inventer. Si tu allais à Londres, qu’y trouverais-tu ?

Gillian ouvrait la bouche pour dire « un amoureux », mais se retint à temps.

— Tu y trouverais des églises, des bouchers et autres boutiques, peut-être un magasin de laines mieux fourni, mais du charbon à un prix plus extravagant, voilà tout.

— Oh bien, alors !

— Tu peux demander à tante Émilie.

— Est-ce qu’elle a été à Londres ?

— Mais oui, ma chère, il n’y a pas de quoi crier : elle y a été pour son opération.