Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/222

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— Comment, demanda Isaïe, faire tourner la tête à n’importe qui ?… Où est la petite ? Pourquoi faites-vous la grimace ?

— On a une peine folle à en obtenir de cette couleur-là, c’est presque impossible, dit Elmer avec volubilité.

— Elle est probablement allée chercher un peu plus de jus, dit Isaïe. Je vous demandais ce qui vous faisait rire sous cape.

— Simplement l’histoire d’une barmaid que j’ai entendu raconter. Elle avait un teint comme il n’y en a jamais eu, qui faisait radoter les garçons. Alors un jour, un type que je connaissais paria aux autres que ce n’était pas naturel (Il le savait : sa sœur à lui avait vu les pots de fard sur la table de toilette, vous comprenez ?) Alors, il la prend très amoureusement dans ses bras, trempe son autre main dans une pinte de bière, et la lui passe sur la joue… toutes les belles couleurs disparurent aux hurlements de joie des autres.

— Bien fait pour la coquine, dit Isaïe en riant. J’appelle ça de l’effronterie de se barbouiller la figure comme ça.

— Oh, père, moi je trouve que ce garçon était une brute, dit Gillian, je lui aurais donné une gifle.

— Est-ce que vous en donneriez une à celui qui vous embrasserait ? demanda Elmer en riant.

Elle alla chercher d’autres pommes de terre.

— Allons, où est encore passée cette gamine ? Qu’est-ce qui lui prend ? Tout se fait par à-coups et par caprices aujourd’hui, à ce qu’il semble.

— Des pommes de terre, papa ? Monsieur Elmer ?

Gillian avait retrouvé son calme. Mais quand Isaïe s’installa pour sa sieste, Elmer insinua que Gillian devrait lui faire visiter la ferme, et elle le reperdit,