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SEPT POUR UN SECRET…

Tous les jours il avait poussé un « Ha ! », mais ceci dépassait toute attente et il le cria si fort que le poney leva des yeux limpides et ébahis.

— Dites-lui, commença Gillian un peu tremblante, dites-lui…

Elle s’arrêta, car Robert arrivait de la bergerie, et la considérait, les yeux durs comme de l’acier et assombris par la douleur.

— Que dois-je lui dire, mademoiselle ? demanda Fringal.

Robert était tout près et jetait sur elle un regard où luisait la colère. Et pendant qu’Isaïe se penchait sur le poney pour l’examiner, la bouche du jeune homme, sa belle bouche souriante, prononça très bas :

— Vendue ! Une femme vendue, Gillian ! Vous n’aimez pas cet homme, renvoyez son présent.

Isaïe, en extase, examinait les yeux, la bouche du poney, lui passait la main sur les jarrets.

— Une rudement bonne bête ! dit-il. Doit avoir son pedigree. Bonne pour un haras, voilà ce qu’elle est.

Robert faisait des yeux suppliants.

— Renvoyez-le, immédiatement, dit-il. Puis, comprenant que c’était la minute qui allait décider entre Elmer et lui, il ajouta :

— Gillian, il n’a pas l’intention de vous épouser. Faut-il vous dire quelle femme vous serez si vous gardez ce poney ?

— Taisez-vous, fit-elle en tapant du pied, taisez-vous. Vous oubliez qui vous êtes, Robert Rideout.

Il lui tourna le dos et s’éloigna.

— Emmenez ce poney, Robert, je vous prie, dit-elle.

Il ne parut pas entendre.