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SEPT POUR UN SECRET…

— Oh, par mon beau-père ? C’est une vieille bête qui a la manie de raconter des histoires. Il les fabrique plus vite qu’un enfant ne lance sa balle.

— Et puis je l’ai demandé à votre mère.

— Oh bien, soupira Robert, si ma mère vous l’a dit…

— Faites-vous des poésies amoureuses, Bob ?

— Des poésies amoureuses ?

— Oui. Écoutez, Bob : prêtez-m’en une demi-douzaine, aussi courtes que vous voudrez, et je vous donne dix livres.

— Dieu vous bénisse, fit Robert en riant, elles ne valent pas un liard.

— Prêtez-les-moi.

— Vous êtes amoureux ?

— Oh oui.

— De qui ?

— Vous le savez.

— Si vous êtes amoureux et moi pas, vous devriez être capable de composer des poésies amoureuses.

— Mais je ne sais pas. J’en suis réduit à « Le lys est blanc, la violette est bleue » et elle s’en fatiguera.

— Écoutez, dit Robert. Quand vous allez à la forge de Trewern Coed, et que vous dites à Gruffydd Conwy : « Ferrez-moi mon cob », puis que vous vous en allez, si les gens vous demandent : « Où avez-vous fait ferrer votre cob ? » vous répondez : « C’est Gruffydd Conwy de la forge de Trewern Coed qui l’a ferré. » Et que la ferrure leur plaise ou non, c’est la même chose. Il en est comme ça des bouts d’idées que je rassemble dans ma tête ; car l’ouvrage d’un homme c’est l’homme lui-même, qu’il soit fait avec du fer ou avec des mots. Il l’a exécuté à la sueur de son front, et c’est à lui. Et qu’est-ce que l’homme — ou la femme — sans le travail ? Je vous