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SEPT POUR UN SECRET…

laient, tout le visage de Ruth s’éclairait de tendresse, d’une mystérieuse affection qui se sacrifie. Elle venait apporter son présent de noce, un panier à ouvrage tressé en joncs, comme en vendent les Bohémiens et qu’elle fabriquait très habilement. Ses mains étaient adroites à toutes sortes de travaux et elle n’oubliait jamais ce qu’elle avait une fois appris. Elle présenta son œuvre avec un humble petit sourire et Gillian s’extasia avec ravissement, y mit aussitôt son dé et ses ciseaux, et témoigna beaucoup de reconnaissance à Ruth. Mais ce ne fut pas tout. Ruth tira de sa poche une photographie d’Elmer, la tint dans ses mains, hocha la tête, montra le portrait, le serra de nouveau contre elle comme pour dire : « Il est à moi. »

Ensuite elle se leva, le mit dans les mains de Gillian qu’elle referma dessus en la regardant dans les yeux d’un air interrogateur, puis fit le geste d’y renoncer absolument, et de nouveau considéra d’un air scrutateur Gillian qui, intriguée, reçut très froidement la photographie et fit mine de la lui rendre. Ruth la reprit, mais sans paraître la désirer. Elles achevèrent de boire leur thé et Gillian cueillit un bouquet de roses pour Ruth, qui s’en alla en souriant.

Bientôt après retentit un bruit de roues lourdes et Robert s’arrêta devant le portail ; debout sur le chariot, il cria à Jonathan de venir l’aider. Sans compter les boîtes et paquets d’Isaïe, il y avait une grande caisse qu’ils portèrent dans la maison et qui, ouverte, laissa voir un piano en bois de rose. Jonathan parti, Robert s’agenouilla pour ramasser la paille.

— Bob, lui dit Gillian, sans s’occuper du piano, pourquoi me traitez-vous comme si j’étais une lépreuse ?

— Ce n’est pas vrai. S’il y a un lépreux, c’est moi.