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SEPT POUR UN SECRET…

bien que celui plus mystérieux de leur amour, les rapprochait. Et puis, oh joie des joies ! un jour que, du haut du grenier de Ruth, elles contemplaient le paysage d’hiver, Ruth lui remit un billet de Robert.

Il viendrait le vendredi soir : Gillian devrait être prête à jouer les chants bohémiens et s’arranger pour que Ralph et Fringal fussent là tous les deux ; Ruth aurait le vieux tableau noir de la ferme, sur lequel Mme Fanteague, Isaïe et Émilie avaient autrefois pris leurs leçons. Il faudrait le couvrir d’une étoffe jusqu’au moment propice, et alors Ruth écrirait dessus tout ce que la musique lui rappellerait. Il faudrait faire un bon feu et allumer les deux lampes, celle de la cuisine et celle du salon. Enfin, si Mme Elmer voulait bien, Robert prendrait une tasse de thé avec eux.

Gillian était dans l’extase. L’idée de ce thé était venue à Robert comme un moyen de réunir tout le monde et de pouvoir choisir sa place. Il voulait également avoir Ruth, Ralph et Fringal dans une pièce et Gillian dans l’autre, ce qui serait facile à réaliser si elle jouait du piano pendant que les autres prendraient le thé dans la cuisine. Juste avant l’arrivée de Gillian, il avait expliqué à Ruth en détail ce qu’elle devait faire : écrire d’abord tout ce qu’elle avait déjà écrit, son nom, Esméralda et les autres choses dont elle se souvenait, ensuite les noms des endroits du Pays de Galles où elle avait séjourné, et d’autres noms et mots détachés, que lui ne pouvait préciser et mettre en rapport avec le reste. Enfin, elle devrait écrire tout ce que lui suggérerait la musique, et, si son nom à elle et d’autres lui venaient, associés aux souvenirs nouvellement éveillés, elle aurait à les tracer aussi sur le tableau,

Gillian avait peur quand elle se rappelait l’air furieux de Ralph chaque fois que Ruth donnait une preuve