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SEPT POUR UN SECRET…

nom qu’elle évoquerait et adorerait, c’était celui de Robert Rideout.

« Robert Rideout !… ah, murmurait-elle, en faisant bouffer ses cheveux pour qu’ils parussent plus jolis, c’est le nom par excellence ! »

Elle descendit allègrement et Ruth leva les bras en signe d’admiration. Puis elles attendirent, la jeune maîtresse assurée et délicieuse dans sa robe hyacinthe aux reflets changeants, et la petite servante dans sa vieille robe noire, avec un tablier propre et le bonnet neuf que Gillian lui avait acheté. Elles étaient assises devant le feu, une seule réellement privée de la parole, mais toutes deux muettes d’amour. Un bruit… est-ce lui ? Non : sur le ciel pâle, de l’autre côté de la fenêtre, se profilait la tête de Fringal, rappelant une gargouille de cathédrale.

— Dois-je entrer maintenant, Madame ?

— Mais oui.

Fringal s’assit à distance respectueuse de sa maîtresse. Un pas rapide sur le sol dur. Est-ce lui… ? Non, c’est Ralph, revenu de la ferme de Dosset.

— Le thé est-il prêt ? dit-il.

— Tout est préparé et attend depuis bien longtemps, répondit Gillian, sans avoir conscience du double sens de ses paroles.

Mais quelque chose dans la pièce semblait accueillir ces mots et leur donner une autre signification, quelque chose qui s’apparentait au léger sifflement dans la cheminée du vent chargé de neige et au ton pâle et lugubre du ciel.

Encore un bruit. Les deux femmes, immobiles, l’esprit tendu, guettaient la porte.

« Ô mon Dieu, faites qu’il ait son costume gris ! »

Le silence de Ruth ne cachait aucune parole.