Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/143

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Brisquet la perdit bientôt de vue. Et il avait beau crier: « Biscotin Biscotine » on ne lui répondait pas. Alors, il se prit à pleurer, parce qu'il s'imagina que ses enfants étaient perdus. Après avoir couru longtemps, longtemps, il lui sembla reconnaître la voix de la Bichonne. Il marcha droit dans le fourré, à l'endroit où il l'avait entendue, et il y entra, sa bonne hache levée. La Bichonne était arrivée là, au moment où Biscotin et Bis- cotine allaient être dévorés par un gros loup. Elle s'était jetée devant en aboyant, pour que ses abois avertissent Brisquet. Brisquet, d'un coup de sa bonne hache, renversa le loup raide mort; mais il était trop tard pour la Bichonne, elle ne vivait déjà plus. Brisquet, Biscotin et Biscotine rejoignirent Brisquette. C'était une grande joie, et cependant tout le monde pleura. Il n'y avait pas un regard qui ne cherchât la Bichonne. Brisquet .enterra la Bichonne au fond de son petit courtil (1) sous une grosse pierre, sur laquelle le maître d'école écrivit en latin C'est ici qu'est la Bichonne, Le pauvre chien de Brisquet. Et c'est depuis ce temps-là, qu'on dit en commun proverbe Malhetcreux comme le chien Brisquet, qui n'allit qu'une fois au bois et que le loup mangit (2). CH. NODIER, Contes de la veillée. Mon chien Boulka J'AVAIS UN PETIT DOGUE. On l'appelait Boulka. Il était tout noir, sauf le bout des pattes de devant qui était blanc. Les dogues ont la mâchoire inférieure plus longue que la mâchoire supérieure, et leurs dents d'en haut s'emboîtent dans celles d'en bas; mais chez Boulka, la mâchoire inférieure était si proéminente qu'on aurait pu mettre le doigt entre les deux rangées de dents. Son museau était large, ses yeux grands, noirs et brillants; ses dents blanches, toujours découvertes. Il ressemblait à un nègre. Il n'était pas méchant et ne mordait point; mais il était extraordinairement vigoureux et tenace quand il s'accrochait à quelque chose, il serrait si fort les dents qu'il restait sus- pendu comme un chiffon. 1. Cowtil (dérivé de cour) petit jardin attenant à uné.maison de paysan: 2. Allit. mangit vieilles formes patoises do alla ot de mangea. C'est encore une imi- tation du parler paysan.