Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/169

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Ici une mouche. Un souffle de fou rire parcourut mon visage. Il se fit de nouveau un grand silence. Enfin' M. Ratin se leva. «  Vous allez, monsieur, garder la chambre pendant deux jours, pour réfléchir sur votre conduite, tandis que je réfléchirai moi-même au parti que je dois prendre dans une conjoncture aussi grave. » Là-dessus M. Ratin sortit en fermant l'appartement dont il emporta la'clef. R. TôPPFER, Nouvelles genevoises (La Bibliothèque de mon Oncle). Le Bourdon JE me RAPPELLE qu'un matin, à quatre heures, en juin, le so- leil étant déjà très haut, je fus éveillé assez brusquement, lors- que j'avais encore beaucoup de fatigue et de sommeil. J'étais à la campagne, dans une chambre sans volet ni rideau, en plein levant, et les rayons arrivaient jusqu'à mon lit. Un magnifique bourdon, je ne sais comment, était dans la chambre, et joyeusement, au soleil, voletait et bourdonnait. Ce bruit m'ennuyait. Je me lève, et, pensant qu'il voulait sortir, je lui ouvre la fenêtre. Mais point, telle n'était son idée. La matinée, quoique belle, était très fraîche, fort humide il préférait rester dans la chambre, dans une température meil- leure qui le séchait, le réchauffait; dehors, il était quatre heures dedans, c'était déjà midi. Il agissait précisémentcomme j'eusse fait, et ne sortait point. Je voulus lui donner du temps; je lais- sai la fenêtre ouverte, et me recouchai. Mais nul moyen de reposer. La fraîcheur du dehors entrant, lui aussi il entrait plus avant et voletait par la chambre. Cet hôte obstiné, importun, me donna un peu d'humeur. Je me levai, décidé à l'expulser de vive force. Un mouchoir était mon arme, mais je m'en servais sans doute assez maladroitement ,je l'étourdis, je l'effrayai; il tourbillonnait de vertige, et de moins en moins songeait à sortir. Mon impatience croissait; j'y allai plus fort, et trop fort sans doute. Il tomba sur l'appui de la fenêtre, et ne se releva plus. Était-il mort ou étourdi? Je ne fermai point, pensant que, dans ce cas, l'air pourrait le raviver, et qu'il s'en irait. Je me recouchai cependant, assez mécontent. Au total, c'était sa faute; pourquoi ne s'en allait-il pas ? ce fut la première raison que je me donnai. Puis, en y réfléchissant, je devins plus sévère pour