Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/208

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Gucha ne voulait pas la prendre; alors je l'ai posée près de lui et je me suis enfui. » Lepèremitlamainsurlatêtede son filsetluidit «Tues bon et délicat. Tolstoï, Contes et fables (Stock, édit.). La Conscience Un bruve homme, le lieutenant Lnuaut, vient de se signaler par toi sauvetage. Il expligue simples motifs de son action héroïque. AVANT-HIEIi, JE ME PROMENAIS vers le pont d'Iéna, du côté du Champ-de-Mars; il faisait un grand vent; la Seine était hou- leuse et me rappelait la mer. Je suivais de l'œil un petit batelet rempli de sable jusqu'au bord, qui voulait passer sous la der- nière arche du pont, de l'autre côté de la Seine, près du quai des Bons-Hommes. Tout à coup le batelet chavire; je vis le batelier essayer de nagez' mais il s'y prenait mal. «  Ce maladroit va se noyer », me dis-je. J'eus quelque idée de me jeter à l'eau mais j'ai quarante- sept ans et des rhumatismes; il faisait un froid piquant. «  Quel- qu'un se jettera de l'autre côté », pensai-je. Je regardais malgré moi. L'homme reparut sur l'eau; il jeta un cri. Je m'éloignai rapidement «  Ce serait trop fou à moi aussi me disais-je; quand je serai cloué dans mon lit, avec un rhumatisme aigu, qui viendra me voir? qui songera à moi? Je serai seul à mourir d'ennui, comme l'an passé. Pourquoi cet animal se fait-il marinier sans savoir nager ? D'ailleurs son bateau était trop chargé. » Je pouvais être déjà à cinquante pas de la Seine, j'entends encore un cri du, batelierqui se noyait et demandait du secours. Je redoublai le pas « Que le diable l'emporte 1 me dis-je et je me mis à penser à autre chose. Tout à coup je me dis « Lieu- tenant Louaut (je m'appelle Louaut), tu es un misérable dans un quart d'heure cet homme sera noyé, et toute ta vie tu te rap- pelleras son cri. Misérable misérable dit le parti de la pru- dence," c'est bientôt dit; et les soixante-sept jours que le rhu- matisme m'a retenu au lit l'an passé??.. Que le diable l'em- porte il faut savoir nager quand on est marinier. » Je marchais fort vite vers l'École militaire. Tout à coup une voix me dit « Lieutenant Louaut, vous êtes un le2che. » Ce mot me fit ressauter, « Ah! ceci est sérieux », me dis-je; et je, me mis à courir vers la Seine. En arrivant au bord, jeter habit, bottes et pantalon ne fut qu'un mouvement, 'j'étais le plus heu-