Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/225

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des boas effroyables. Car ici on fait des fils de fer et là-bas les rails pour les trains. I)es h.ommes,lesyeux couverts d'une toile métallique,lesmains, les bras et les jambes enveloppésde cuir, jettent dans la bouche des machines l'éternel morceau de fer ardent. La machine le saisit, le tire, l'allonge, le tire encore, le rejette, le reprend, l'amincit toujours. Lui, le fer, il se. tortille comme un reptile blessé, semble lutter, mais cède, s'allonge encore, s'allonge tou- jours, toujours repris et toujours rejeté par la mâchoire d'acier. Voici les rails. Impuissante-a résister, la masse rougie, opaque et carrée de Bessemer s'étend sous l'effort des méca- niques, et, en quelques secondes, devient un rail. Une scie géante le coupe à la lohgueur exacte, et d'autres suivent sans fin, sans que rien arrête ou ralentisse le formidable travail. Nous sortons enfin, noirs nous-mêmes comme des chauffeurs, épuisés, la vue éteinte. Et sur nos têtes s'allonge le nuage épais de charbon et de fumée qui s'élève jusqu'aux hauteurs du ciel. Oh quelques fleurs, une prairie, un ruisseau et de l'herbe où se coucher sans pensée et sans autre bruit autour de soi que le glissement de l'eau ou le chant du coq, au loin 1 GUY DE Maupassant, Au Soleil (Ollendorif, édit.) . Les Mineures Etienne Lantier, ouvrier sans travail, vient d'entrer aux nairtes de ftlonsou, dans le Nord. Il va connaître et subir lui-même la vie tragi- que cles malheureux qui peinent et s'épuisent à cinq cent cinquante- quatre niètres sous terre. Lrs yuATKE havkuks (1) venaient de s'allonger les uns au-des- sus des autres, sur toute la montée du front de taille (2). Sépa- rés par les planches à crochets qui retenaient le charbon abattu, ils occupaient chacun quatre mètres environ de la veine et cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centimètres, qu'ils se trouvaient là comme aplatis entre le toit et le mur (3), se traînant des genoux et des coudes, ne pouvant se retourner sans se meurtrir les épaules. Ils de- vaient, pour attaquer la houille, rester couchés sur le flanc, le L Mmeum mineurs chargés le charbon on creusant au-dossous (le la partie à abattre. ·z . Front de. taille surface sur larluollo se présente la houille à extraite. 3. Toll partie supérieure d'une couche de houille. Mur partie iiifé- rieure.