Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/131

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argumentation. Qui oserait dire que la traduction de Voss, toute littérale qu’elle soit, n’est pas en même temps une œuvre de la plus pure comme de la plus haute originalité germanique ? Qui oserait nier que traduire, comme l’a fait Voss (à plus forte raison comme l’a fait Amyot), ce soit littérairement inventer, selon la plus rigoureuse acception du terme d’invention littéraire ? Qui pourrait lire certaines parties d’Homère, entre autres le cinquième chant de l’Odyssée, dans le texte grec d’abord, dans le texte allemand ensuite, et ne pas reconnaître que Voss fait apercevoir dans Homère des charmes, des grâces, un sel poétique, qu’il n’ajoute pas à l’original, mais que le grec cachait un peu et que l’allemand découvre ?

Arrêtons-nous sur ce phénomène singulier du miroir mutuel des langues, qui donne à la fois transmutation et ressemblance. — Mais, dira quelqu’un, le procès Odette-Fiammina ? — Nous y sommes en plein, nous y sommes plus que si nous en traitions directement. La belle affaire qu’Odette et la Fiammina ! C’est les principes littéraires engagés qui sont tout.

Or, le principe que j’entends démontrer d’abord contre tous ceux qui traquent et la liberté de traduction et la liberté d’adaptation, c’est que la simple translation, d’une langue à une autre, d’une œuvre