Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/142

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nant le terme même de nos codes : masquer la contrefaçon. Nous craignons que le juge ait employé à dessein, au lieu du terme légal et précis de contrefaçon, le terme littéraire et un peu vague d’usurpation, pour ne pas trop resserrer la compétence des cours et tribunaux sur la matière en deçà des limites jusqu’où l’ont étendue de précédents arrêts. On n’en peut pas moins conclure de ce considérant que l’emprunt à la grande manière, l’emprunt qui n’est pas la simple et brutale copie, l’emprunt qui sert de base à une œuvre toute personnelle, ne serait pas regardée par le tribunal civil, le cas échéant, comme constituant la contrefaçon. C’est un grand point d’acquis.

Maintenant, M. Mario Uchard s’écriera comme Galilée : E pur si muove ! Et pourtant Odette vient en droite ligne de la Fiammina ! C’est un droit qui lui reste. La sentence rendue au Palais ne le lui enlève pas. Le jour de la première représentation d’Odette, le nom de la Fiammina était sur toutes les lèvres. Quoique M. Sardou n’ait pas relu la Fiammina, ni pensé seulement une seconde à la Fiammina avant d’écrire Odette (il l’atteste et nous l’en croyons), il est probable qu’il aura été pénétré et incité, sans s’en apercevoir, par les germes sporadiques que la Fiammina a autrefois jetés dans l’atmosphère morale où il vit et même déposés dans