Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/147

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répande de teinte juive sur sa physionomie. De plus, il prétend que sa figure est à lui et il ne compte en rien céder à aucun peintre. En pareille occurrence, le père, se redressant de toute sa taille, eut crié : « Ma figure, prenez-la tous ; elle appartient à la France que j’ai illustrée, aux Napolitains que j’ai délivrés, à l’Univers que j’ai désennuyé, par mes fictions, entre le roman vivant de Napoléon 1er et celui de Garibaldi. » Le fils est plus économe. Il gère sa figure en bon père de famille. Grâce à lui, voilà la liberté de l’art menacée par l’établissement imminent d’une nouvelle propriété, cousine de la propriété littéraire, la propriété physiognomonique.

Parbleu ! Je ne sais pas pourquoi les bossus n’ont pas fait autrefois un procès au dessinateur qui a inventé le type de Mayeux. Les bossus forment une classe d’individus, déterminée, définie, honorable, qui a, comme toute autre classe et tout autre individu, le droit absolu, si ce droit est admis une fois pour qui que ce soit, qu’on ne la tourne pas en ridicule par la plume, le crayon ou le pinceau. Je ne vois pas pourquoi un dessinateur, qui a la taille droite et qui s’imagine que c’est un avantage, s’est permis de les prendre pour victimes. Un bossu est aussi un homme ; du moins, je le crois ; car maintenant, avec nos anthropologues, nos ethnologues et nos évolutionnistes on n’est jamais sûr de rien en