Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/191

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que cette ville de Paris, où vous entrez à l’Opéra sans que personne vous regarde seulement ! Là-bas, ils savent qui vous êtes et c’est bien flatteur. Ils vous témoignent plus d’estime qu’on ne fait ici « à cause d’une imagination qu’ils ont que l’esprit est plus fin à Paris qu’ailleurs ». Pure imagination de leur part, je vous jure. Tout est mieux à Bruxelles, tout, tout, je ne m’en dédis pas.

D’abord, le langage courant. Oh ! j’exagère peut-être. Je me laisse peut-être trop aller au plaisir du voyage. Il est probable qu’à Paris aussi le parler habituel contient beaucoup de pittoresque. Mais on l’entend tous les jours et l’accoutumance fait qu’on ne s’aperçoit de rien. Au contraire, on vibre, on a des soubresauts sur les originalités du langage belge. Dès la douane, on a de quoi s’occuper. Le douanier s’approche et vous dit ; « Avez-vous quelque chose de neuf ? » Quand cette question m’est tombée dans l’oreille, j’étais encore à demi endormi ; je venais de descendre du wagon comme j’étais, dans mon immense robe de chambre, qui, par son ampleur, ne pouvait paraître que très suspecte à un douanier. Avez-vous du neuf ? Moi, j’ai cru qu’il voulait me demander si nous avions enfin pris Bac-Ninh. Pas encore, ô Belge sympathique ; nous le prendrons bientôt, n’en doutez pas. Mais la figure placide du douanier s’obscurcit d’une teinte sévère. Il répète