Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/219

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Philéas, si son pari lui en laissait le temps, le ferait à reculons et à cloche-pied. Tantôt Corsican rend justice en amateur compétent aux belles imaginations de Philéas, à l’air de magnanimité de ses lubies ; tantôt, fou de jalousie, il le provoque et il reçoit de lui un coup d’épée presque à chaque station. Comme il faut bien que Corsican à la fin se marie, ni plus ni moins que Fogg, l’adjonction de Corsican à Philéas a exigé que les deux dramaturges donnassent à Aouda une sœur qui deviendra l’épouse dudit Corsican. Ajoutons à cela une prêtresse malaise fort utile dans une pièce à spectacle ; elle sert de prétexte pour montrer au spectateur une grotte à serpents et une fête du culte indigène en Malaisie. C’est à peu près tout ce qui établit quelque différence entre le drame et le roman.

Les deux personnages nouveaux de Corsican et de Néméa, sœur d’Aouda, n’étaient pas précisément indispensables. Ils nous procurent toutefois, vers le dénouement, une scène assez dramatique. Nous sommes à Liverpool, presque au terme du voyage. Philéas Fogg, s’il veut rester dans les délais de son pari, a tout juste le temps de prendre l’express qui va partir pour Londres. C’est à ce moment que Fix, suivi de deux policemen, lui vient mettre la main au collet en lui présentant un petit papier qui le constitue prévenu du vol fait à la Banque. Quel