Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/235

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Esther comme sur Athalie et en inspire le développement.

Il s’en faut de beaucoup, personne ne l’ignore, que Racine soit le premier en France qui ait tiré de la religion une œuvre théâtrale. Comme les sentiments et les passions ont été dans tous les temps l’étoffe du drame, il n’y a jamais eu à douter que la religion, la plus noble, la plus forte, la plus enveloppante, et, si elle est mal entendue, la plus aveugle des passions, ne puisse fournir à l’auteur dramatique une matière aussi ample que tout autre état du sentiment. Eh ! parmi les ouvrages dont la religion, envisagée en tant que ressort moteur des actions humaines, a offert le sujet, qui pourrait oublier Polyeucte et, en un sens et un genre tout contraires, Tartufe ? Comme les faits de l’histoire sacrée, toute sacrée qu’elle soit, sont des faits, et que, à ce titre, ils peuvent prendre le caractère poétique ou tragique, la poésie et le drame, chez les peuples chrétiens, ne se sont pas abstenus de chercher leurs dépouilles opimes dans l’Ancien et le Nouveau Testament aussi bien que dans les histoires profanes. Comme il est naturel enfin que la poésie, le drame et l’art s’en aillent, d’abord, dans les temps où ils naissent, vers les choses qui remplissent l’âme des foules, il est arrivé qu’aux siècles chrétiens, quand le théâtre a commencé de subsister, c’est ce qu’il y